258 ŒUVRES
Car seroit-ce un pur repos ? Et comment se pour- roit-il que ces deux moitiez de vitesse, qui seroient deux repos, fissent la première vitesse? Enfin un espace, quelque petit qu'il soit, ne peut-il pas estre divisé en deux, et ces moitiez encore ? Et comment pourroit-il se faire que ces moitiez fussent indivisi- bles sans aucune estendue, elles qui, jointes ensem- ble, ont fait la première estendue ?
Il n'y a point de connoissance naturelle dans l'homme qui précède celles-là, et qui les surpasse en clarté. Neantmoins, afin qu'il y ait exemple de tout, on trouve des esprits excellens en toutes autres choses, que ces infinitez choquent, et qui n'y peuvent en aucune sorte consentir. Je n'ay jamais connu per- sonne qui ait pensé qu'un espace ne puisse estre aug- menté. Mais j'en ai vu quelques uns, très habiles d'ailleurs, qui ont asseuré qu'un espace pouvoit estre divisé en deux parties indivisibles, quelque absurdité qu'il s'y rencontre \ Je me suis attaché à rechercher en eux quelle pouvoit estre la cause de cette obscurité, et j'ay trouvé qu'il n'y en avoit qu'une principale, qui est qu'ils ne sçauroient concevoir un continu divisible à l'infiny^ : d'où ils concluent qu'il n'y est pas divisible.
1. Allusion très probable à Meré. Voir la lettre de Pascal à Fer- mat, du 29 juillet i654, sapra T. III, p. 388.
2. Cf. La Vérité des Sciences contre les Sceptiques et les Pyrrhoniens, par le Père Marin Mersenne, Paris, 1625, p. 3o : « Le Sceptique.... Pour les Matematiques, elles ne sont fondées que sur l'unité, ou sur le point, qui sont des chimères fondées en l'air : leurs définitions : problesmes, et propositions, supposent beaucoup de choses, qui sont fausses, telles que sont celles cy.... que chaque continu peust estre
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