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Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/280

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ŒUVRES

��estendue, et qu'ainsy ces deux néants d'estendue fissent ensemble une estendue ^^ Car je voudrois demander à ceux qui ont cette idée, s'ils conceoivent nettement que deux indivisibles se touchent : si c'est partout, ils ne sont qu'une mesme chose, et partant les deux ensemble sont indivisibles ; et si ce n'est pas par- tout, ce n'est donc qu'en une partie : donc ils ont des parties, donc ils ne sont pas indivisibles. Que s'ils confessent, comme en effet ils l'avouent quand on les presse, que leur proposition est aussy inconce- vable que fautre, qu'ils reconnoissent que ce n'est pas par nostre capacité à concevoir ces choses que nous devons juger de leur vérité, puis que ces deux contraires estant tous deux inconcevables, il est neantmoins nécessairement certain que l'un des deux est véritable.

Mais qu'à ces difficultez chimériques, et qui n'ont de proportion qu'à nostre faiblesse, ils opposent ces clartez naturelles et ces veritez solides : s'il estoit véritable que l'espace fust composé d'un certain nombre fini d'indivisibles, il s'ensuivroit que deux

��I, Pour comprendre les objections soulevées par l'œuvre de Cava- lier! : Geometria indivisibilibus contlnaorum nova quadam ratione pro- mota, Bologne, i635, il faut se rendre compte que l'œuvre, et son titre même, ont été interprétés, contre l'intention manifeste de Gava- lieri, dans le sens d'un atomisme mathématique, où les grandeurs seraient effectivement décomposées en parties infiniment petites, qui à leur tour ne pourraient plus être décomposées. Sur les véritables principes qui sont à la base du calcul des infiniment petits, Pascal s'est expliqué avec netteté à la fin du traité : Potestatum numericarum summa, supra T. III, p. 364 sqq. ; et dans la Lettre de Dettonville à Carcavy, voir en particulier supra T. VIII, p. 352.

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