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Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/282

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262 ŒUVRES

ce temps ; et ainsi ils trouveront que l'on parcourt une infinité de divisibles en une infinité d'instants, et un petit espace en un petit temps ; en quoy il n'y a plus la disproportion qui les avoit estonnez.

Enfin, s'ils trouvent estrange qu'un petit espace ait autant de parties qu'un grand, qu'ils entendent aussy qu'elles sont plus petites à mesure; et qu'ils regardent le firmament au travers d'un petit verre, pour se familiariseravec cette connoissance, envoyant chaque partie du ciel en chaque partie du verre. Mais s'ils ne peuvent comprendre que des parties si petites, qu'elles nous sont imperceptibles, puissent estre au- tant divisées que le firmament, il n'y a pas de meil- leur remède que de les leur faire regarder avec des lunettes qui grossissent cette pointe délicate jusques à une prodigieuse masse ; d'oii ils concevront aisé- ment que, par le secours d'un autre verre encore plus artistement taillé, on les pourroit grossir jusques à égaler ce firmament dont ils admirent l'estendue. Et ainsy ces objets leur paroissant maintenant très facilement divisibles, qu'ils se souviennent que la na- ture peut infiniment plus que l'art. Car enfin qui les a asseurez que ces verres auront changé la grandeur naturelle de ces objets, ou s'ils auront au contraire rétabli la véritable, que la figure de nostre œil avoit changée et raccourcie, comme font les lunettes qui amoindrissent ?

Il est fascheux de s'arrester à ces bagatelles ; mais il y a des temps de niaiser * . Il suffit de dire à des

1. Allusion à l'Ecclésiaste, III, 4 : Tempos Jlendi, et tempus

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