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Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/287

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DE L'ESPRIT GÉOMÉTRIQUE 267

jamais une estendue. Donc il n'est pas de mesme genre que l'estendue, par la définition des choses du mesme genre.

Voilà comment on demonstre que les indivisibles ne sont pas du mesme genre que les nombres. De là vient que deux unitez peuvent bien faire un nombre, parce qu'elles sont de mesme genre ; et que deux indivisibles ne font pas une estendue, parce qu'ils ne sont pas de mesme genre. D'où l'on voit combien il y a peu de raison de comparer le rapport qui est entre l'unité et les nombres à celuy qui est entre les indivisibles et l'estendue.

Mais si l'on veut prendre dans les nombres une comparaison qui représente avec justesse ce que nous considérons dans festendue, il faut que ce soit le rap- port du zéro aux nombres ; car le zéro n'est pas du mesme genre que les nombres, parce qu'estant mul- tiplié, il ne peut les surpasser : de sorte que c'est un véritable indivisible de nombre, comme V indivisible est un véritable zéro d'estendue^ Et on en trouvera un pareil entre le repos et le mouvement, et entre un instant et le temps ; car toutes ces choses sont hétérogènes à leurs grandeurs, parce qu'estant infini- ment multipliées, elles ne peuvent jamais faire que

I. Cf. Mersenne, La Vérité des Sciences, p. 781 : « II y en a qui ayment mieux comparer le point avec le zéro qui s'écrit par un o, qu'avec l'unité, d'autant que les zéros ne font aucun nombre, etc. » — Peut-f^tre Pascal avait-il discuté avec Meré sur la nature du zéro. Dans le fragment 72 des Pensées (T. I, p. 84), qui paraît écrit avec les mêmes préoccupations que les pages que nous commentons, et à la même époque, Pascal écrit : « J'en sçay qui ne peuvent comprendre que qui de zéro oste 4 reste zéro »

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