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Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/288

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ŒUVRES

��des indivisibles, non plus que ces indivisibles d'esten- due, et par la mesme raison. Et alors on trouvera une correspondance parfaite entre ces choses ; car toutes ces grandeurs sont divisibles à l'infiny, sans tomber dans leurs indivisibles, de sorte qu'elles tien- nent toutes le milieu entre l'infiny et le néant.

Voilà l'admirable rapport que la nature a mis entre ces choses, et les deux merveilleuses infinitez qu'elle a proposées aux hommes, non pas à concevoir, mais à admirer ; et pour en finir la considération par une dernière remarque, j'ajouteray que ces deux infinis, quoy que infiniment differens, sont neantmoins rela- tifs l'un à l'autre, de telle sorte que la connoissance de l'un mené nécessairement à la connoissance de l'autre.

Car dans les nombres, de ce qu'ils peuvent tou- jours estre augmentez, il s'ensuit absolument qu'ils peuvent toujours estre diminuez, et cela clairement : car si l'on peut multiplier un nombre jusqu'à 100 ooo, par exemple, on peut aussy en prendre une loo ooo^ partie, en le divisant par le mesme nombre qu'on le multiplie, et ainsi tout terme d'aug- mentation deviendra terme de division, en chan- geant l'entier en fraction. De sorte que l'augmenta- tion infinie enferme nécessairement aussy la division infinie.

Et dans l'espace le mesme rapport se voit entre ces deux infinis contraires ; c'est à dire que, de ce qu'un espace peut estre infiniment prolongé, il s'en- suit qu'il peut estre infiniment diminué, comme il

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