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Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/290

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270 ŒUVRES

grandeur et la puissance de la nature dans cette dou- ble infinité qui nous environne de toutes parts, et apprendre par cette considération merveilleuse à se connoistre eux-mesmes, en se regardant placez entre une infinité et un néant d'estendue, entre une infi- nité et un néant d'ombre, entre une infinité et un néant de mouvement, entre une infinité et un néant de temps. Sur quoy on peut apprendre à s'estimer à son juste prix*, et former des reflexions qui valent mieux que tout le reste de la géométrie mesme.

J'ai creu estre obligé de faire cette longue consi- dération en faveur de ceulx qui, ne comprenant pas d'abord cette double infinité, sont capables d'en estre persuadez. Et, quoy qu'il y en ait plusieurs qui ayent assez de lumière pour s'en passer, il peut neant- moins arriver que ce discours, qui sera nécessaire aux uns, ne sera pas entièrement inutile aux autres.

I. Cf. Pensées, fr. 72, T. I, p. 74 : « que l'homme... apprenne à estimer la terre, les royaumes, la ville, et soy mesme son juste prix. »

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