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Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/338

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318 ŒUVRES

d'un des plus grands crimes, engager un enfanl de son âge et de son innocence et mesme de sa pieté* à la plus périlleuse et la plus basse des conditions du Christianisme. Qu'à la vérité suivant le monde l'af- faire n'avoit nulle difficulté et qu'elle estoit à con- clure sans hésiter ; mais que selon Dieu, elle en avoit moins de difficulté et qu'elle estoit à rejeter sans hésiter, parce que la condition d'un mariage avan- tageux est aussi souhaitable suivant le monde qu'elle est vile et préjudiciable selon Dieu. Que ne sçachant à quoy elle devoit estre appelée, ny si son tempéra- ment ne sera pas si tranquillisé qu'elle puisse sup- porter avec pieté la virginité, c'estoit bien peu en connoistre le prix que de l'engager à perdre ce bien si souhaitable pour chaque personne à soy-mesme et si souhaitable aux pères et aux mères pour leurs enfans, parce qu'ils ne le peuvent plus désirer pour eux, que c'est en eux qu'ils doivent essayer de rendre à Dieu ce qu'ils ont perdu d'ordinaire pour d'autres causes que pour Dieu.

De plus que les maris quoyque riches et sages sui- vant le monde sont en vérité de francs païens devant Dieu ; de sorte que les dernières paroles de ces mes- sieurs sont, que d'engager un enfanta un homme du commun c'est une espèce d'homicide et comme un deïcide en leurs personnes

Singlin qui voulut que cette affaire fust communiquée à ces deux autres Messieurs, comme il le dit dans le commencement de cette lettre » {Note de Guerrier, sans doute transcrite d'une annotation de l'original). I. « Mademoiselle Jacqueline Perier, pour lors âgée de quinze ans » {Note de Guerrier)

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