Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/350

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je reconnois que ce sont vos dons. Ouy, mon Dieu : et bien loin de prétendre que mes prières ayent du mérite qui vous oblige de les accorder de nécessité, je reconnois tres-humblement, ^mon Dieu, qu'ayant donné aux créatures mon cœur que vous n'aviez formé que pour vous, et non pas pour le monde, ny pour moy-mesme, je ne puis attendre aucune grâce que de vostre miséricorde, puisque je n'ay rien en moy qui vous y puisse engager; et que tous les mou- vemens naturels de mon cœur se portans tous vers les créatures, ou vers moy-mesme, ne peuvent que vous irriter. Je vous rend donc grâces, mon Dieu, des bons mouvemens que vous me donnez, et de celuy mesme que vous me donnez de vous en rendre grâces.

VII

Touchez mon cœur du repentir de mes fautes, puisque sans cette douleur intérieure, les maux ex- térieurs dont vous touchez mon corps me seroient une nouvelle occasion de péché. Faites-moy bien connoistre que les maux du corps ne sont autre chose que la ^figure et la punition tout ensemble des maux de l'ame. Mais, Seigneur, faites aussi qu'ils en soient le remède, en me faisant considérer dans les dou- leurs que je sens, celle que je ne sentois pas dans mon ame, quoique toute malade et couverte d'ul-

��I. A. mon Dieu, manque. 3. A. la punition et la figure.

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