Aller au contenu

Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/403

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

383

��LETTRE DE LA SOEUR JACQUELINE DE SAINTE-

EUPHEMIE PASCAL A MESDEMOISELLES PERIER

SES NIECES*.

A P. R. des Ch., ce lo^ £««• i66o. Mes très chères Nièces,

Vous avez tant de sujet de vous plaindre de moy que je n'en ay point du tout de m'excuser, c'est pourquoy je crois que c'est plustost fait de vous en demander pardon, puisque je ne doutte point du tout que vous ne me l'accordiez, au lieu que si je vous aportois quelque excuse qui ne fut pas véritable, je me ferois tort à moy mesme et je vous donnerois bien mauvais exemple. J'es- père que mon retardement à vous escrire ne vous aura pas fait oublier neantmoins la promesse que vous m'avez faitte de bien prier Dieu pour moy ; car vous estes trop bien instruitles pour vouloir rendre mal pour mal. C'est pourquoy, encore que je vous aye donné sujet de croire que je vous avois oubliées, je ne crois pas que vous ayez voulu en faire autant. Aussi auriez-vous fait une grande injustice; car je puis vous assurer, mes chères sœurs, que je m'oublierois, ce me semble, plustost moy-mesme que vous, et il me semble que moins je vous le témoigne plus je le ressens. Car la charité estant un feu qui est dans le cœur, il faut nécessairement qu'il agisse ; et quand il ne se produit point au dehors, il se fait ressentir au

��I. La lettre originale que Cousin a eue sous les yeux, et qui se trouvait parmi les papiers de Hecquet, n'a pu être retrouvée.

�� �