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dedans avec plus de force ; pourveu que ce ne soit pas par foiblesse et par tiédeur qu'il ne se fait pas voir au dehors ; car allors il est sans doute qu'il se diminue d'au- tant plus qu'il paroist moins, comme un feu qui n'a point d'air et que l'on laisse elteindre manque de luy fournir de quoy brusler. Mais il me semble que je puis vous assu- rer avec certitude que la charité que j'ay pour vous n'est pas comme cela, mais qu'elle est comme un feu bien em- brasé qui fait ressentir d'autant plus sa chaleur à tout ce qui l'environne, qu'elle ne peut se respandre au dehors. Voyez, mes chères sœurs, oij je me suis emportée sans y penser pour vous assurer de l'affection que j'ay pour vous. Je prie Nostre Seigneur qu'il nous embrase toutes de sa sainte charité, afin que celle que nous aurons les unes pour les autres ne naisse que de celle-là : sans quoy ce ne seroit qu'une amitié de chair et de sang qui n'auroit rien de bon. Je suis assurée que vous me ferez cette cha- rité; mais comme je ne vous crois pas encore assez avan- cées pour mériter de Dieu tout ce que vous luy demandez, je vous supplie de me procurer les prières de ma sœur Flavie, que vous assurerez de mon affection, et celles de vos autres maistresses, si notre mère trouve bon que vous les en priiez et que vous les saluyez de ma part. Bon jour mes chères sœurs je suis tout à vous en celuy qui est nostre tout et en la présence duquel nous ne sommes rien. Priez le pour moy afin que je sois digne de le prier pour vous.
S' J. DE S^« EUPHEMIE, R*« P«
[religieuse indigne].
(^Pour mes chères sœurs Marie Jacqueline et Marguerite Euphemie Perier, à Port-Royal, à Paris.)
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