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88 OEUVRES

p. 260 1. Il est défendu aux particuliers de se venger. Car S. Paul dit aux Rom. 12. Ne rendez à personne le mal pour le mal : et l’Eccl. 28 . Celuy qui veut se vanger attirera sur soy la vengeance de Dieu, et ses pechez ne seront point oubliez. Outre tout ce qui est dit dans l’Evangile du pardon des offenses , comme dans les chapitres 6. et 18. de S. Matthieu. Certes, mon Pere, si après cela il dit autre chose que ce qui est dans l’Escriture, ce ne sera pas manque de la sçavoir. Que conclut-il donc enfin? Le voicy, dit-il. De toutes ces choses il paroist qu’un homme de guerre peut sur l’heure mesme poursuivre celuy qui l’a blessé ; non pas à la verité avec l’intention de rendre le mal pour le mal, mais avec celle de conserver son honneur ; Non ut malum pro malo reddat, sed ut conservet honorem.

Voyez vous comment ils ont soin de defendre d’avoir l’intention de rendre le mal pour le mal, parce que l’Escriture le condamne ? Ils ne l’ont jamais souffert; Voyez Lessius 2 De just. 1. 2. c. 9. d. 12. n. 79. Celuy qui a receu un soufflet, ne peut pas avoir l’intention de s’en vanger : mais il peut bien avoir celle d’eviter l’infamie, et pour cela de repousser à l’instant cette injure, et mesme à coups d’espée, etiam cum gladio. Nous sommes si éloignez de souffrir qu’on ait le dessein de se vanger de ses ennemis, que nos Peres ne veulent pas seulement qu’on leur souhaitte la mort par un mouvement de haine. Voyez nostre

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1. Cf. ce texte de Regnault, supra p. 66 sq.

2. W. Vide enim qaid referat et probet ex Victoria Lessius. — Cf. ce texte de Leys, supra p. 64