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et se réjoüir quand elle arrive, pourveu que ce ne soit que pour le bien qui luy en revient, et non pas par une haine personnelle.

O mon Pere, luy dis-je, voila un beau fruict de la direction d’intention ! Je voy bien quelle est de grande estenduë. Mais neantmoins il y a de certains cas, dont la resolution seroit encore difficile, quoy que fort necessaire pour les Gentilshommes. Proposez-les pour voir, dit le Pere. Monstrez-moy, luy dis-je, avec toute cette direction d’intention, qu’il soit permis de se battre en duel. Nostre grand Hurtado de Mendoza, dit le Pere, vous y satisfera 1 sur l’heure, dans ce passage que Diana rapporte p. 5. tr. 14. R. 99 2


« Si un gentilhomme qui est appellé

« en duel, est connu pour n’estre pas devot, et que

« les pechez qu’on luy voit commettre à toute heure

« sans scrupule, fassent aisément juger, que s’il

« refuse le duel, ce n’est pas par la crainte de Dieu,

« mais par timidité ; et qu’ainsi on dise de luy que

« c’est une poule, et non pas un homme gallina

« et non vir, il peut pour conserver son honneur, se

« trouver au lieu assigné, non pas veritablement avec

« l’intention expresse de se battre en duel, mais

« seulement avec celle de se deffendre, si celuy qui l’a

« appellé l’y vient attaquer injustement. Et son

« action sera toute indifferente d’elle-mesme. Car quel

« mal y a t-il d’aller dans un champ, de s’y prome-

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1. W. Non ego, inquit; at pro me jam faciet....

2. Cf. ce texte de Diana, supra p. 78 sq.