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Page:Œuvres de Blaise Pascal, V.djvu/173

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HUITIÈME PROVINCIALE 157

de ce reproche, mon Pere. Car je croy que si on prend la peine d’examiner le veritable sens de mes paroles, on n’en trouvera aucune qui ne marque parfaitement le contraire, et peut-estre s’offrira-t’il un jour dans nos entretiens l’occasion de le faire amplement paroistre. Ho ho, dit le Pere, vous ne riez plus. Je vous 1 avouë, luy dis-je, que ce soupçon, que je me voulusse railler des choses saintes, me seroit 2 aussi sensible, qu’il seroit injuste. Je ne le disois pas tout de bon, repartit le Pere : mais parlons plus serieusement. J’y suis tout disposé si vous le voulez, mon Pere; cela dépend de vous. Mais je vous advouë que j’ay esté surpris de voir, que vos Peres ont tellement estendu leurs soins à toutes sortes de conditions, qu’ils ont voulu mesme régler le gain legitime des Sorciers. On ne sçauroit dit le Pere, escrire pour trop de monde, ny particulariser trop les cas, ny repeter trop souvent les mesmes choses en differens livres. Vous le verrez bien par ce passage d’un des plus graves de nos Peres. Vous le pouvez juger, puis qu’il est aujourd’huy nostre Pere Provincial. C’est le R. P. Cellot en son l. 8. de la Hierarc. c. 16. § 2 3. Nous sçavons, dit-il, qu’une personne qui portait une grande somme d’argent pour la restituer par ordre de son Confesseur, s’estant arresté en chemin chez un Libraire, et luy ayant de-

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1. B. [confesse].

2. B. [bien] sensible [comme] il seroit [bien] injuste ; W. et injustam et mihi permolestam.

3. Cf. ce texte de Cellot et celui qui suit, supra p. 122.