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INTRODUCTION

I. — HISTORIQUE

L’exemple qu’avaient donné, le 12 mai 1656, les curés de Paris, émus par les maximes dénoncées dans les Provinciales, fut bientôt suivi par un curé de Rouen, Du Four, futur abbé d’Aulney, curé de Saint-Maclou. Il fit, le 30 mai, un grand sermon synodal contre la morale corrompue, en présence de l’archevêque et de plus de huit cents curés.

Les nouvelles de Rome que Brunetti adressait à Arnauld étaient meilleures : le cardinal Barberin se montrait très favorable ; le pape avait même parlé aux Jésuites avec beaucoup de fermeté. Le miracle de la Sainte Épine enfin attirait à Port-Royal une grande foule de visiteurs ; Mazarin pressait l’official Du Saussay (que bientôt le cardinal de Retz allait brusquement révoquer) de profiter de la visite qu’il faisait alors à Port-Royal pour informer de ce miracle. Du 8 au 12 juin, les religieuses, Pascal, les autres témoins, étaient officiellement interrogés et rédigeaient leurs relations. Singlin était nommé par le cardinal de Retz supérieur des deux maisons de Port-Royal. Il n’était pas enfin jusqu’au Père Lambert, fougueux jésuite qui, dans un « Catéchisme » tenu à Saint-Louis, ne reconnût la vérité du miracle, au milieu de vives attaques contre les Jansénistes.

Et cependant les Jésuites cherchaient par tous les moyens à arrêter ou à entraver l’impression des Provinciales ; c’est là peut-être ce qui explique la lenteur relative avec laquelle se succédèrent alors ces Petites Lettres. Quatre Pères de leur Compagnie firent une démarche auprès de Ballard, syndic des libraires et imprimeurs de Paris, pour l’amener à s’opposer