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NEUVIÈME PROVINCIALE 193

Pere, luy dis-je, c’est pourveu qu’on luy donne aussi le sien? Cela n’est pas necessaire, dit-il, quand on est trop attaché au monde ; écoutez-le : Cœur pour cœur, ce serait bien ce qu’il faut : mais le vostre est un peu trop attaché, et tient un peu trop aux creatures. Ce qui fait que je n’ose vous inviter à offrir aujourd’huy ce petit esclave que vous appellez vostre cœur.

Et ainsi il se contente de l’Ave Maria, qu’il avoit demandé. Ce sont les devotions des pages 33. 59. 1 [143.] 156. 172. 268. et 420. de la premiere edition. Cela est tout à fait commode, luy dis-je, et je croy qu’il n’y aura personne de damné après cela. Helas, dit le Pere, je voy bien que vous ne sçavez pas jusqu’où va la dureté de cœur de certaines gens ! II y en a qui ne s’attacheroient jamais à dire tous les jours ces deux paroles bon jour, bon soir, parceque cela ne se peut faire sans quelque application de memoire. Et ainsi il a fallu que le P. Barry leur ait fourny des pratiques encore plus faciles, comme d’avoir jour et nuit un chapelet au bras en forme de brasselet, ou de porter sur soy un rosaire, ou bien une image de la Vierge. Ce sont là les devotions des pages 14. 326. et 447. Et puis dites que je ne vous fournis pas des devotions faciles pour acquerir les bonnes graces de Marie, comme dit le P. Barry p. 106. Voilà, mon Pere, luy dis-je, l’extrême facilité. Aussi, dit-il, c’est tout ce qu’on a pû faire. Et je croy que cela suffira. Car il faudroit estre bien miserable pour

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1. Toutes les éditions, par erreur; [145].

2e série. II 13