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208 ŒUVRES

ce n’est pas neantmoins que ladite fille, ou celuy à qui elle s’est prostituée, luy ayent fait aucun tort, ou violé pour son égard la justice. Car la fille est en possession de sa virginité, aussi bien que de son corps ; elle en peut faire ce que bon luy semble, à l’exclusion de la mort ou du retranchement de ses membres. Jugez par là du reste. Je me souvins sur cela d’un passage d’un Poëte Payen 1 qui a esté meilleur Casuiste que ces Peres, puisqu’il a dit que la virginité d’une fille ne luy appartient pas toute entiere; qu’une partie appartient au pere, et l’autre à la mere, sans lesquels elle n’en peut disposer mesme pour le mariage. Et je doute qu’il y ait aucun Juge qui ne prenne pour une loy le contraire de cette maxime du Pere Bauny.

Voilà tout ce que je puis dire de tout ce que j’entendis, et qui dura si long-temps que je fus obligé de prier enfin le Pere de changer de matiere. Il le fit, et m’entretint de leurs reglemens pour les habits des femmes en cette sorte : Nous ne parlerons point, dit-il, de celles qui auroient l’intention impure ; mais pour les autres, Escobar dit au tr. I. ex. 8. n. 5. 2 Si on se pare sans mauvaise intention, mais seu-

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1. Catulle, Carmen nuptiale, LXII, 59.

At tu ne pugna cum tali conjuge, virgo.

Non æquum est pugnare, pater cui tradidit ipse,

Ipse pater cum matre, quibus parère necesse est.

Virginitas non tota tua est : ex parte parentum est;

Tertia pars patri data, pars data tertia matri,

Tertia sola tua est : noli pugnare duobus,

Qui genero sua jura simul cum dote dederunt.


2. Cf. ce texte d’Escobar, supra p. 182.