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pechez, les deteste sincerement. N’est-il pas visible au contraire, qu’il n’en est point touché comme il faut, et qu’il n’est pas encore arrivé à cette veritable conversion de cœur, qui fait autant aimer Dieu qu’on a aimé les creatures. Comment, dit-il, ce seroit là une veritable contrition. Il semble, que vous ne sçachiez pas que comme dit le P. Pintereau en la 2. p. p. 50. de l’Abbé de Boisic 1, Tous nos Peres enseignent d’an commun accord, que c’est une erreur, et presque une heresie, de dire que la contrition soit necessaire, et que l’attrition toute seule, et mesme conceüe par LE SEUL motif des peines de l’enfer qui exclud la volonté d’offencer, ne suffit pas avec le Sacrement. Quoy, mon Pere, c’est presque un article de foy, que l’attrition conceüe par la seule crainte des peines suffît avec le Sacrement 2 ? Je croy que cela est particulier à vos Peres. Car les autres qui croyent que l’attrition suffît avec le Sacrement, veulent au moins qu’elle soit meslée de quelque amour de Dieu.
Et de plus il me semble que vos auteurs mesmes ne tenoient point autrefois que cette doctrine fust si certaine. Car vostre Pere Suarez en parle de cette sorte, de pœn. q. 90. ar. 4. disp. 15. sect. 4. n. 17 3. Encore, dit-il, que ce soit une opinion probable que l’attrition suffit avec le Sacrement, toutefois elle n’est
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1. Cf. ce texte de Pinthereau, supra p. 288.
2. La 29e Imposture est consacrée à la défense de cette doctrine de l’attrition. Nicole y répond dans sa note II : « Réfutation de l’heresie des Jesuites sur l’attrition naturelle. »
3. Cette citation est empruntée à Arnauld, Apologie de Jansénius, cf. supra p. 223 sq.