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DIXIÈME PROVINCIALE 265

pas certaine ; elle peut estre fausse. Non est certa ; et potest esse falsa. Et si elle est fausse, l’attrition ne suffit pas pour sauver un homme. Donc celuy qui meurt sciemment en cet estat, s’expose volontairement au peril moral de la damnation eternelle. Car cette opinion n’est ny fort ancienne, ny fort commune. Nec valde antiqua, nec multùm communis. Sanchez ne trouvoit pas non plus qu’elle fust si assurée, puis qu’il dit en sa Somme 1. I. c. 9. n. 1 34. Que le malade et son Confesseur qui se contenteroient à la mort de l’attrition avec le Sacrement, pecheroient mortellement, à cause du grand peril de damnation ou le penitent s’exposeroit, si l’opinion qui asseure que l’attrition suffit avec le Sacrement, ne se trouvoit pas veritable. Ny Comitolus aussi, quand il dit Resp. mor. 1. I. q. 32. n. 7. 8 2. Qu’il n est pas trop seür que l’attrition suffise avec le Sacrement. Le bon Pere m’arresta là dessus, Et quoy, dit-il, vous lisez donc nos Auteurs ? Vous faites bien : mais vous feriez encore mieux de ne les lire qu’avec quelqu’un de nous.

Ne voyez vous pas, que pour les avoir leus tout seul, vous en avez conclu que ces passages font tort à ceux qui soutiennent maintenant nostre doctrine de l’attrition, au lieu qu’on vous auroit monstré, qu’il n’y a rien qui les releve davantage. Car quelle gloire est-ce à nos Peres d’aujourd’huy, d’avoir en moins de rien respandu si generalement leur opinion par tout, que hors les Theologiens il n’y a presque per-

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1. W. [39]. — Cf. ce texte de Sanchez, supra p. 247.

2. Cf. ce texte de Comitoli, supra p. 248.