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ONZIÈME PROVINCIALE 329

par tant d’autres médisances, qui ont merité la Censure de feu M. l’Archevesque de Paris : quand il calomnie des Prestres, dont les mœurs sont irreprochables, jusqu’à dire I. p. p. 22. Qu’ils pratiquent des nouveautez dans les confessions, pour attraper les belles et les innocentes ; et qu’il auroit horreur de rapporter les crimes abominables qu’ils commettent ?

N’est-ce pas une temerité insupportable d’avancer des impostures si noires, non seulement sans preuve, mais sans la moindre ombre, et sans la moindre apparence ? Je ne m’estendray pas davantage sur ce sujet, et je remets à vous en parler plus au long une autre fois 1 ; car j’ay à vous entretenir sur cette matiere, et ce que j’ay dit suffit pour faire voir combien vous pechez contre la verité et la discretion tout ensemble.

Mais on dira peut estre, que vous ne pechez pas au moins contre la derniere regle, qui oblige d’avoir le desir du salut de ceux qu’on décrie, et qu’on ne sçauroit vous en accuser sans violer le secret de vostre cœur, qui n’est connu que de Dieu seul. C’est une chose estrange, mes Peres, qu’on ait neantmoins de quoy vous en convaincre : que vostre haine contre vos adversaires ayant esté jusqu’à souhaiter leur perte eternelle, vostre aveuglement ait esté jusqu’à decouvrir un souhait si abominable : que bien loin de former en secret des desirs de leur salut, vous ayez fait en public des vœux pour leur damnation ; et qu’apres

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1. Pascal reprendra ce sujet dans la quinzième Provinciale, infra T. VI, p. 192.