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366 ŒUVRES

conscience. Et ainsi il faut que cela soit bien extraordinaire, si ce n’est qu’il veuille qu’il soit ordinairement permis de voler. De sorte qu’après avoir destruit l’obligation de donner l’aumosne du superflu, qui est la plus grande source des charitez, il n’oblige les riches d’assister les pauvres de leur necessaire, que lorsqu’il permet aux pauvres de voler les riches. Voilà la doctrine de Vasquez, où vous renvoyez les lecteurs pour leur edification.

Je viens maintenant à vos impostures. Vous vous estendez d’abord sur l’obligation que Vasquez impose aux Ecclésiastiques de faire l’aumosne. Mais je n’en ay point parlé, et j’en parleray quand il vous plaira 1. Il n’en est donc pas question icy. Pour les laïques, desquels seuls il s’agit, il semble que vous vouliez faire entendre que Vasquez ne parle en l’endroit que j’ay cité, que selon le sens de Cajetan, et non pas selon le sien propre. Mais comme il n’y a rien de plus faux, et que vous ne l’avez pas dit nettement, je veux croire pour vostre honneur que nous ne l’avez pas voulu dire.

Vous vous plaignez en suitte hautement, de ce qu’aprés avoir rapporté cette maxime de Vasquez :

A peine se trouvera-t’il que les gens du monde, et mesme les Rois aient jamais de superflu, j’en ay conclu, que les riches sont donc à peine obligez de donner l’aumosne de leur superflu. Mais que voulez-vous

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1. Pascal ne l’a pas fait. Nicole consacre à cette question sa note II : « Diverses maximes corrompuës des Jesuites touchant les Revenus Ecclesiastiques. «