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DOUZIÈME PROVINCIALE 367

dire, mes Peres ? S’il est vray que les riches n’ont presque jamais de superflu, n’est-il pas certain qu’ils ne seront presque jamais obligez de donner l’aumosne de leur superflu. Je vous en ferois un argument en forme 1, si Diana, qui estime tant Vasquez qu’il l’appelle le Phœnix des esprits 2, n’avoit tiré la mesme consequence du mesme principe. Car aprés avoir rapporté cette maxime de Vasquez, il en conclud 3: : Que dans la question, sçavoir si les riches sont obligez de donner l’aumosne de leur superflu, quoy que l’opinion qui les y oblige fust veritable, il n’arriveroit jamais, ou presque jamais, quelle 4 oblige dans la pratique. Je n’ay fait que suivre mot à mot tout ce discours. Que veut donc dire cecy, mes Peres. Quand Diana rapporte avec eloge les sentimens de Vasquez ; quand il les trouve probables, et tres-commodes pour les riches 5, comme il le dit au mesme lieu, il n’est ny calomniateur, ny faussaire, et vous ne vous plaignez point qu’il luy impose : au lieu que quand je represente ces mesmes sentimens de Vasquez, mais sans le traiter de phœnix, je suis un imposteur, un faussaire, et un corrupteur de ses maximes. Certainement, mes Peres, vous avez sujet de craindre, que la difference de vos traitemens

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1. W. id syllogismo concluderem.

2. Cf. la cinquième Provinciale, supra. IV, p. 318.

3. Cf. la sixième Provinciale, supra p. 30 et le texte de Diana, supra p. 12.

4- B. [obligeast].

5. W. ut divitibus et eorum Confessariis plausibilem dicat — Cf. ce texte de Diana, supra p. 12.