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30 ŒUVRES

les plus riches de l’obligation de donner l’ausmone. Cela vous paroist encore contraire, mais on 1 en fait voir facilement l’accord, en interpretant le mot de superflu, en sorte qu’il n’arrive presque jamais que personne en ait. Et c’est ce qu’a fait le docte Vasquez en cette sorte dans son traité de l’Aumosne c. 4 2. Ce que les personnes du monde gardent pour relever leur condition et celle de leurs parens, n’est pas appellé superflu. Et c’est pour quoy à peine trouvera-fon quil y ait jamais de superflu dans les gens du monde, et non pas mesme dans les Rois.

Aussi Diana ayant rapporté ces mesmes paroles de Vasquez, car il se fonde ordinairement sur nos Peres, il en conclud fort bien. Que dans la question : Si les riches sont obligez de donner l’aumosne de leur superflu ; encore que l’affirmative 3 fut veritable, il n’arrivera jamais ou presque jamais, quelle oblige dans la pratique 4 .

Je voy bien, mon Pere, que cela suit de la doctrine de Vasquez. Mais que respondroit-on si 5 on m’objectoit, qu’afin de faire son salut, il seroit donc aussi seur selon Vasquez 6 d’avoir assez d’ambition

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1. W. nostri...

2. W. ajoute [n. 14.] — La citation de Vasquez est prise dans Diana, cf. supra. 12; cf. aussi un passage d’Arnauld, supra p. 11,

3. B. [fust].

4. Cf. Pensées, fr. 928, T. III, p. 363-364 : « Diana... L’on n’est pas obligé de donner l’aumosne de son superflu dans les communes nécessitez des pauvres; si le contraire estoit vray, il faudroit condamner la plupart des riches et de leurs confesseurs. »

5. P’. on objectoit ; W. objiciet fortasse quispiam: B. [l’]on objectoit.

6. B. [de ne point donner l’aumosne, pourveu qu’on ait] assez