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SIXIÈME PROVINCIALE 49

roit-on cru. Ce malheureux estant interrogé, avoüa qu’il avoit pris quelques plats d’estain à vos Peres, mais 1 qu’il ne les avoit pas volez pour cela, rapportant pour sa justification cette doctrine du P. Bauny qu’il presenta aux Juges, avec 2 un écrit d’un de vos Peres, sous lequel il avoit estudié les cas de conscience qui luy avoit appris la mesme chose. Sur quoy 3 Monsieur de Montrouge qui est un des plus considerez de cette Compagnie, opina et dit : Qu’il n’estoit pas d’avis que sur des écrits de ces Peres contenans une doctrine illicite, pernicieuse et contraire à toutes les loix naturelles, divines, et humaines, capable de renverser toutes les familles, et d’autoriser tous les vols domestiques, on deust absoudre cet accusé. Mais qu’il estoit d’avis que ce trop Jidelle disciple fust fouetté devant la porte du College par la main du Bourreau, lequel en mesme temps bruleroit les écrits de ces Peres traittans du larcin, 4 et defense à eux de plus enseigner une telle doctrine sur peine de la vie.

On attendoit la suitte de cét avis qui fut fort approuvé, lors qu’il arriva un incident qui fit remettre le jugement de ce procés. Mais cependant le prisonnier disparut, on ne sçait comment, sans qu’on par-

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1. B. [il soutint] qu’il.

2. A. [les écrits] ; W. scrlpta protulit.

3. P’A. [feu] Monsieur de Montrouge qui [estoit] ; B. [feu] Monsieur de Montrouge l’un des plus considerez de cette Compagnie, [dit en opinant]. — Claude de Montrouge, frère de l’évêque de Saint-Flour, fut conseiller au Chàtelet de 1614 à 1650.

4. B. [auec].

2e série, II 4