temps à un tres-grand nombre d’années. Mais pour
détourner encore davantage les chrestiens des
homicides volontaires, elle a puny tres-severement ceux
mesmes qui estoient arrivez par imprudence, comme
on peut voir dans S. Basile, dans S. Gregoire de
Nysse, dans les Decrets du pape Zacharie, et
d’Alexandre II. Les Canons rapportez par Isaac Evesque
de Langres t. 2. c. 13. ordonnent 7. ans de penitence
pour avoir tué en se defendant. Et on voit que S.
Hildebert Evesque du Mans répondit à Yves de
Chartres : Qu’il a eü raison d’interdire un Prestre
pour toute sa vie, qui ¹avoit tué un voleur d’un coup
de pierre pour se defendre.
N’ayez donc plus la hardiesse de dire que vos decisions sont conformes à l’esprit et aux Canons de l’Eglise. On vous défie d’en montrer aucun qui permette de tuer pour defendre son bien seulement ; car je ne parle pas des occasions où on auroit à défendre aussi sa vie, SE SUAQUE LIBERANDO. Vos propres Auteurs confessent qu’il n’y en a point, comme entr’autres vostre Pere l’Amy² , Tom. 5. disput. 36. num. 136. Il n’y a, dit-il, aucun droit divin ny humain qui permette expressément de tuer un voleur qui ne se defend pas. Et c’est neanmoins
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1. B. pour se defendre avoit tué un voleur d’un coup de pierre. — Pascal résume la lettre adressée par Hildebert (que Pascal appelle Saint, quoi qu’il n’ait pas été canonisé) à Emery, évèque de Clermont; cf. l’édition des Bénédictins de 1718 (lib. II, ep. 43). Le prêtre dont il s’agit avait eu ses habits percés d’un coup de lance ; il n’était pas certain que le voleur fût mort; le prêtre était pour ce fait interdit depuis sept ans. Hildebert ne pense pas que la punition puisse être levée.
2. Cf. ce texte d’Amico, supra p. 128 sq.