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Page:Œuvres de Blaise Pascal, VI.djvu/175

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EXTRAIT D'UNE LETTRE DE BLAISE PASCAL
A Mr ET A Mlle DE ROUANNEZ
V. (olim : 3)


[Dimanche, 5. Novembre 1656.][1]


....Je ne scay comment vous aurez receu la perte de vos lettres. Je voudrois bien que vous l'eussiez prise comme il faut. Il est tems de commencer à juger de ce qui est bon ou mauvais par la volonté de Dieu, qui ne peut estre ny injuste ny aveugle, et non pas par la nostre propre, qui est toujoûrs pleine de malice et d'erreur[2] . Si vous avez eu ces sentimens, j'en seray bien content, afin que vous vous en soyez consolée sur une raison plus solide que celle que j'ay à vous dire, qui est que j'espere qu'elles se retrouveront. On m'a déjà apporté celle du 5. et quoy que ce ne soit pas la plus importante, car celle de M. du Gas[3] l'est davantage, neanmoins cela me fait esperer de ravoir l'autre.

Je ne sçay pourquoy vous vous plaignez de ce que je n'avois rien escrit pour vous : je ne vous separe point vous deux, et je songe sans cesse à l'un et à

  1. La date de cette lettre est certaine. Elle a été établie par Havet d'après un verset de l'épître lue le XXIIe dimanche après la Pentecôte, verset que Pascal cite vers la fin de sa lettre.
  2. Cf. Pensées, fr. 668, T. III, p. 103.
  3. Il semble bien que ce soit là un pseudonyme de Singlin, qui dirigeait Mademoiselle de Rouannez et son frère.