ils avoient fait trois ans auparavant un Manifeste sous le
mesme nom de Port Royal tout plein d'heresies et de
blasphemes : et qu'on a refuté par un escrit public, auquel ils
n'ont osé repliquer¹ : Qu'on ait violé la charité par des
Poëmes Latins imprimez, où l'on nous charge de toutes les
maledictions que la bile la plus embrazée est capable de
concevoir, et où l'on décrit une solitude toute Sainte, et dans
laquelle vous sçavez, Monseigneur, qu'on ne travaille qu'à
servir et à louër Dieu, comme un Enfer des Poëtes prophanes,
et un sejour d'ames damnées : et apres tout cela, qu'on ait
encore violé toute la pudeur, et passé toutes les bornes, qui
auroient retenu les personnes les plus perduës de conscience
devant Dieu, et d'honneur devant les hommes, s'ils n'avoient
esté tout à fait prostituez à la calomnie, en forgeant² une
chimerique Assemblée de Bourgfontaine qu'ils feignent³ avoir
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1. Remonstrance aux Peres Jesuites, touchant un Libelle qu'ils ont fait courir dans Paris, sous ce faux titre : Le Manifeste des Jansenistes composé par l'assemblée du Port-Royal en 1651. — Voir un extrait de cet ouvrage, supra p. 170, n. I.
2. « Le titre de ce livre est : Relation Juridique de ce qui s'est passé à Poictiers touchant la nouvelle doctrine des Jansenistes par M. Jean Filleau, premier Advocat du Roy au Presidial de Poitiers, imprimé à Poitiers en 1654 » (note d'Arnauld).
3. « Il dit ce qui suit dans l'Advertissement : On pourra me reprocher, que je raporte de certaines choses, que je ne prouve pas, quoy qu'elles soient de tres-grande consequence ; et que l'histoire de Bourg-Fontaine, qui fait le ch. 2. de cette Relation, pourroit passer pour une horrible imposture : Mais pour commencer parle dernier article, qui semble estre le plus important de tous, il est vray que je n'ay point de preuves pleinement convainquantes de ce que je dis. Je croy toutefois que les personnes des-interessées jugeront que j'en ay eü de suffisantes pour le rapporter en la façon que je fais sans nommer les personnes. Un Ecclesiastique de condition et qui avant esté de la partie m'a asseuré que la chose s'estoit passée de la sorte : et des livres qui ont estonné et troublé la France ayant esté composez par les Auteurs qu'il me nomma suivant le dessein qui en fut pris alors, ne me permettent pas d'en douter » (note d'Arnauld).