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EXTRAIT D'UNE LETTRE DE BLAISE PASCAL
A Mr ET A Mlle DE ROUANNEZ
IX. (olim : 8)


[24(?) Decembre 1656][1] .


...Je plains la personne que vous sçavez [2] dans l'inquietude où je sçay qu'elle est, et où je ne m'etonne pas de la voir. C'est un petit jour du jugement qui ne peut arriver sans une emotion universelle de la personne, comme le jugement general en causera une generale dans le monde, excepté ceux qui se seront déjà jugez eux-mesmes, comme elle pretend faire ; cette peine temporelle garantiroit de l'eternelle, par les merites infinis de Jesus-Christ, qui la souffre et qui se la rend propre ; c'est ce qui doit la consoler. Nostre joug est aussi le sien, sans cela il seroit insupportable. Portez, dit-il[3], mon joug sur vous. Ce n'est pas nostre joug,

  1. Havet a daté cette lettre du 24 décembre, qui était un dimanche en 1656. Il a cru que, dans la fin de cette lettre, Pascal citait un verset du psaume chanté au Capitule des Vêpres de ce jour : Constantes estote, videbitis auxilium Domini super vos. Mais Pascal traduit ici le verset d'Isaïe cité à la ligne qui précède, verset qui se retrouve dans la Communion chantée à la Messe (et non aux Vêpres) du 3e dimanche de l'Avent (17 décembre).
  2. Cette personne est encore Mlle de Rouannez elle-même.
  3. Matth. XI, 29-30 : Tollite jugum meum super vos... Jugum enim meum suave est, et omis meum leve.