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Page:Œuvres de Blaise Pascal, VI.djvu/317

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LETTRE DE PASCAL A Mr ET A Mlle DE ROUANNEZ

c’est le sien, et aussi il le porte. Sçachez, dit-il, que mon joug est doux et leger. Il n’est leger qu’à luy et à sa force divine. Je luy voudrois dire qu’elle se souvienne que ces inquietudes ne viennent pas du bien qui commence d’estre en elle, mais du mal qui y est encore et qu’il faut diminuer continuellement ; et qu’il faut qu’elle fasse comme un enfant qui est tiré par des voleurs d’entre les bras de sa mere, qui ne le veut point abandonner[1] ; car il ne doit pas accuser de la violence qu’il souffre la mere qui le retient amoureusement, mais ses injustes ravisseurs. Tout l’Office de l’Avent est bien propre pour donner courage aux foibles, et on y dit souvent ce mot de l’Escriture [2] : Prenez courage, laches et pusillanimes, voicy vostre Redempteur qui vient  ; et on dit aujourd’huy à Vespres : Prenez de nouvelles forces, et bannissez desormais toute crainte ; voicy nostre Dieu qui arrive, et vient pour nous secourir et nous sauver….

  1. Cette même idée se trouve énoncée en des termes très voisins dans un fragment des Pensées cité supra T. V, p. 409, n. 1.
  2. Isaï. XXXV, 4 : Dicite pusillanimis : Confortamini et nolite timere : ecce Deus vester ultionem adducet retributionis. Deus ipse veniet, et salvabit vos.