promettaient déjà les advantages. C'est le but qu'ils avoient
devant les yeux quand ils forgerent cinq propositions sous
des termes équivoques et ambigus, et ils ne les attribuerent
aux deffenseurs de la grace, que pour faire retomber sur eux
la censure qui s'en feroit, s'ils eussent esté assez heureux
pour l'obtenir. Car ces propositions estant d'une part
susceptibles d'un mauvais sens, et pouvant d'un autre costé estre
reduites au sens tres-veritable et tres-Catliolique, qui est
soustenu par les disciples de S. Augustin : Les Molinistes se sont
flattez de l'esperance de pouvoir faire aisément condamner
toutes ces propositions à cause du mauvais sens dans lequel
elles pouvoient estre entenduës, et de rejetter ensuite cette
censure sur la doctrine de ceux qui font profession de suivre
les sentimens de ce S. Pere de l'Eglise. Les fabricateurs si
équitables et si sinceres de ces propositions ne se promettaient
rien moins d'une invention si subtile que la confusion
publique, et le silence eternel de leurs adversaires ; puis qu'ayant
par cet artifice persuadé à tout le monde que la doctrine de
M. l'Evesque d'Ipre, et des disciples du sainct Docteur de la
grace seroit condamnée d'erreur, et porteroit sur le front des
marques et des flestrisseures d'heresie ; Ils n'auroient plus
aucune peine à establir, et à faire recevoir paisiblement, et
sans opposition la grace suffisante Molinienne, non seulement
comme une opinion probable, mais aussi comme la foy certaine,
la doctrine necessaire, et le sentiment indubitable de
toute l'Eglise... [p. 349].
p. 9. Et certainement quoy qu'une telle censure qui seroit donnée sur des propositions ambiguës, et toutes equivoques ne pûst pas servir dans le fonds pour condamner les sentimens, ny du grand sainct Augustin, ny de son fidelle interprete M. Jansenius Evesque d'Ipre, ny des autres disciples de ce sainct Docteur de la Grace, puis qu'ils n'ont jamais enseigné ny tenu ces propositions dans le mauvais sens qu'on leur peut donner, et selon lequel seulement elles seroient condamnées : toutefois les Jesuites qui ont un grand respect pour le sainct Siege, quand ils l'ont surpris, et qui le mespri-