sent hautement quand il condamne leurs erreurs, ne
laisseroient pas de triompher de cette censure, et ils en tireroient
tous les avantages que des hommes interessez et politiques
peuvent esperer d'un semblable évenement. Ils publieroient
par toute la terre que la doctrine de S. Augustin, de M. d'Ipre,
et de tous ceux qui la suivent seroit condamnée d'erreur par
le S. Siege, que la grace efficace de Jesus-Christ contenue
dans ces propositions seroit une doctrine proscrite qui ne
pourroit desormais estre suivie en seureté de conscience, et
qu'au contraire la grace suffisante de Molina devroit estre
receuë par un consentement general de tous les Docteurs, et
par une veneration universelle de tous les peuples, puis
que le S. Siege luy auroit rendu un témoignage si glorieux
comme à une doctrine Orthodoxe et necessaire, et à la foy
mesme de l'Eglise... [p. 369].
p. 13. S'ils ne pouvoient faire passer la doctrine de la grace efficace par elle-mesme pour une doctrine condamnée par le S. Siege, et convaincuë d'erreur, au moins ils la rendroient suspecte, et la feroient passer pour douteuse. Ils tascheroient de faire croire que leur grace Molinienne soumise au pouvoir du libre arbitre est une doctrine exempte d'erreur, et que l'on peut suivre avec toute sorte de seureté. Enfin ils balanceroient au moins ces deux sentimens de la grace efficace selon les principes de sainct Augustin, et de la grace suffisante selon les maximes de l'Escole de leur Molina, et diraient que l'on peut suivre et enseigner librement ou l'un ou l'autre... [p. 369].
p. 16. Certes il y a lieu de dire au sujet de ceux qui ont forgé ces propositions en la maniere qu'ils ont voulu pour les rendre plus odieuses, et de ceux qui ont voulu imposer à quelques Prelats de France que nous les soustenions dans le sens heretique de Calvin, il y a, dis-je, sujet de dire en cette occasion ce que sainct Prosper a escrit en la Preface des Responses qu'il a faites aux Objections et aux calomnies d'un certain Prestre de France nommé Vincent : [Lalane donne ici la traduction du texte qu'il cite ensuite]... Quidam Christianæ ac fraternæ charita-
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