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il faut en être tellement satisfait qu'on ne doit pas même dé- sirer une plus grande diligence; ce qui ne peut être reçu, sans exclure la nécessité de tout concile, et sans donner lieu à la ruine de toutes nos libertés, s'il ne faut que le pape et i3. moines, pour en juger souverainement [p. 212 sq.].

XV. — Et c'est ce qui rend le plus cette Bulle non receva- ble, de ce que le Pape y prononce seul, sans concile, ni cardi- naux, et qu'ainsi elle ne peut être que motu proprio ; ce qu'on n'a jamais reçu en France dans les choses de la foi, ou qui importent à toute l'Eglise, quelqu'effort qu'aient fait les Papes, comme fitjnnocent X. dans sa Bulle pour la résidence des cardinaux, où il dit qu'encore qu'elle soit faite par son propre mouvement, il entend qu'elle ait la même force, que si elle auoit été faite par le conseil des cardinaux; sur quoi feu M. Talon dit que c'étoit en vain que dans cette clause le Pape avoit voulu suppléer par la voie de puissance à Vessence d'un acte important, de sorte qu'elle fut rejetée comme abusive [p. 2i3].

XVI. — Ne seroit-ce pas une chose honteuse qu'aprésavoir si généreusement refusé tant de Bulles, pour quelques clauses contraires à nos libertés, on reçut celle-ci qui en est si remplie, qui est si peu importante pour le fond, et qui est si perni- cieuse pour les vexations qu'on exerce déjà de toutes parts, et dont elle doit être la base? Et comment pourroit-on penser que le Parlement qui a toujours si glorieusement défendu les maximes de l'Etat, les laissât violer en cette rencontre, et se rendit le ministre de la passion de quelques particuliers qui veulent avoir la gloire d'être les premiers tyrans de nos liber- tés et les premiers inquisiteurs de la France ?

XVII. — Pour voir avec combien de passion et de violence on agit en cette rencontre, il ne faut que comparer ce qu'on fait aujourd'hui à ce qui se passa du tems de Luther et de Calvin, qui étoit en toute manière le plus déplorable siècle qui ait affligé ce Royaume. Il ne s'agissoit pas alors d'un point de fait, mais de toute la foi. La question n'étoit pas de sçavoir, si les propositions contre la transsubstantiation étoient dans Calvin : les hérétiques demeuroient d'accord de ce fait, ils

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