Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/206

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192 ŒUVRES

XVIII. — Toutes ces considérations sont si justes et si pres- santes, qu'il y a tout sujet d'espérer, que le Parlement ne con- descendra pas à ces injustes usurpations de Rome qui s'intro- duisent dans un tems qui leur est favorable, et où ils tentent de faire reconnoitre leur infaillibilité, que le Parlement ne pourroit souffrir, sans exposer l'Etat à de terribles consé- quences. Cette croyance n'est déjà que trop répandue, et si on lui laisse prendre racine, un tems viendra où l'on ne pourra la changer et où l'on se repentira à loisir, de l'avoir laissé in- troduire. Quand la cour de Rome renouvellera ses prétentions sur le temporel de nos Rois, quand elle les excommuniera, et qu'on joindra à cela ses autres décisions, touchant ceux qu'elle excommunie ; il ne servira de rien d'en appeler au Concile gênerai, de dire que le Pape se peut tromper. Le monde imbu de cette croyance, ayant été accoutumé à mettre cet article entre ceux de la foi, ne prendra ce changement, que pour un effet de politique, et non pour une décharge de con- science. Car comment s'imaginer qu'une autorité infaillible se soi t trompée ?[/). 2i4sq.].0n croira donc rendre service à Dieu et à l'Eglise, de suivre un mouvement que l'intérêt de Rome inspirera à ceux qui s'y seront dévoués. Les actions les plus détestables passeront pour des actions de pieté. Les horribles exemples qui ont paru en ce Royaume, sont encore si presens, qu'ils font trembler les vrais françois, qui ont l'amour de Dieu et de leur Roy dans le cœur, à la moindre approche des choses qui appuyent des maximes si funestes, qui ne subsis- tent principalement que sur l'infaillibilité, n'ont de force qu'à mesure que la créance de l'infaillibilité en a. Et ainsi com- ment se pourroit-il faire que la France trahisse son intérêt, jusqu'à reconnoitre aujourd'hui cette infaillibilité, même sur les points de fait, où les Conciles généraux, ne sont pas in- faillibles, selon tous les Théologiens du monde.

XIX. — Mais outre ces considérations qui marquent l'inté- rêt gênerai qu'a la France entière, que cette Bulle ne soit pas enregistrée, le Parlement y en a un particulier ; en ce qu'on y viole un de ses principaux droits, en voulant qu'il la reçoive,

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