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LETTRE D'UN AVOCAT AU PARLEMENT 199

par la perte de leurs Bénéfices, et par bien d'autres vio- lences, comme tout le monde le sçail.

Vous voyez bien ce que cela veut dire et que l'Inquisi- tion est établie, si le Parlement ne s'y oppose. Cependant on parle d'y envoyer cette Bulle ; de sorte que si elle y est receuë, voila la France assujettie et bridée comme les autres peuples.

Je pense souvent à tout cecy, et je n'y trouve rien de bon. Le monde ne sçait pas où cela va, ny quelles en sont les conséquences. Ce n'est point icy une affaire de Religion, mais de Politique; et je suis trompé si le Jan- sénisme qui semble en estre le sujet, en est autre chose en effet que l'occasion et le prétexte. Car pendant qu'on nous amuse de l'espérance de le voir abolir, on nous as- servit insensiblement à l'Inquisition, qui nous opprimera avant que nous nous en soyons aperceus.

Je veux que ce soit un louable dessein de faire croire que ces 5. propositions soient de Jansenius; mais le moyen ne m'en plaist nullement. Je trouve que cette ma- nière de priver les gens de Bénéfices, est une nouveauté de mauvais exemple, et qui touche tel qui n'y pense pas. Car croyez-vous, Monsieur, que nous n'y ayons point d'interest, parceque nous ne sommes pas Ecclésiastiques? Ne nous abusons pas : cela nous regarde tous tant que nous sommes, sinon pour nous-mesmes, au moins pour nos parens, pour nos amis, pour nos enfans. Monsieur vostre fils qui estudie maintenant en Sorbonne, ne peut-il pas avoir les Bénéfices de son Oncle? Et mon fils le Prieur n'y est-il pas intéressé pour luy mesme? Vous me direz qu'ils n'ont qu'à signer pour se mettre en assurance. J'en demeure d'accord. Mais qu'avons-nous affaire que leur as- surance dépende de là ! Quoy 1 si mon fils se va mettre dans la teste que ces propositions ne sont point dans Jansenius,

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