Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/214

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comme j*ay peur qu'il le fasse, car il voit souvent son cousin le Docteur qui dit qu'il ne les y a jamais pu trouver ; et qu'ainsi ne croyant pas qu'elles y soient, il ne peut signer qu'il croit qu'elles y sont ; parcequ'il dit que ce seroit mentir, et qu'il aime mieux tout perdre que d'offenser Dieu : si donc mon fils se met tout cela dans la fantai- sie, adieu mes Bénéfices que j'ay tant eu de peine à avoir.

Vous voyez donc bien que tel qui n'y a point d'inte- rest aujourd'huy, peut y en avoir demain, et que tout cela ne vaut guère. Que ne cherchent-ils d'autres voyes pour monstrer que ces propositions sont dans ce livre, sans inquiéter tout un Royaume? Voila bien dequoy faire tant de vacarme? Quand ils ne faisoient que disputer par livres, je les laissoisdire sans m'enmeslerV Mais c'est une plaisante manière de vuider leurs differens, que de venir troubler tant de familles qui n'ont point de part à leurs disputes, et de nous planter en France une nouvelle In- quisition qui nous meneroit beau train. Car Dieu sçait combien elle croistra en peu de temps, si peu qu'elle puisse prendre racine. Nous verrons en moins de rien qu'il n'y aura personne qui puisse estre en seureté chez soy ; puisqu'il ne faudra qu'avoir de puissans ennemis, qui vous défèrent et vous accusent d'estre Janséniste, sur ce que vous aurez de leurs livres dans vostre Cabinet, ou sur un discours un peu libre touchant ces nouvelles Bulles, comme vous sçavez que nous autres Avocats en faisons assez souvent ; surquoy on mettra vostre bien en compromis. Et quand on ne vous feroit par là qu'un pro-

I. Une telle déclaration pouvait être faite par Antoine Le Maître, que Rapin, Mémoires, T. III, p. 25, a loué pour son amour du silence et pour la manière dont il était resté en dehors des « intrigues qui oc- cupoient alors la plupart des esprits de ce party «.

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