Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

202 ŒUVRES

aient voulu se désister de sa cause. Mais il en appella enfin comme d'abus au Parlement, qui luy donna des défen- ses, par oii il alloit leur échapper, quand ils obtinrent un arrest du Conseil qui deffendit au Parlement de connoistre de cette affaire, et le remit entre les mains de ces premiers Commissaires \ De sorte qu'ils l'ont mal traité durant plus de six mois, pendant lesquels il a esté obligé de quit- ter sa Cure, et de venir à Paris avec beaucoup de peine et de dépense, pour en demander justice au Roy et à son Archevesque ; d'oùj'ay appris qu'il s'en estoit retourné depuis peu de jours dans sa Cure après toute cette fati- gue, que ses accusateurs ont eu le plaisir de luy causer, sans s'exposer eux mesmes à aucun péril.

Ne trouvez- vous donc pas que l'inquisition est une ma- nière bien setire et bien commode pour travailler ses enne- mis, quelques innocens qu'ils soient.^ Car celuy-cy n'a pu estre accusé d'aucune faute, non plus que le Curé de Pomyrol'^ encore en Guyenne, qu'ils firent mettre d'abord en prison et dans un cachot, sans information précédente, et sans luy dire pourquoy, selon le stile de l'Inquisition Romaine. Ensuite dequoy ils cherchèrent des preuves pour le convaincre de Jansénisme. Mais les Juges qui travailloient à son procès, furent bien surpris de voir par l'information qu'ils en firent, l'innocence de ce bon- homme, et les superstitions incroyables de ses paroissiens. Car un des plus grands chefs de leur accusation, et où

��I. L'arrêt du Conseil, daté du 3o septembre i656, fut rendu à la requête de l'archevêque de Bordeaux ; il défendait au Parle- ment de cette ville de donner suite à l'appel formulé par le curé de Libourne.

3. Ce curé de Pomerol, nommé Jean Beli et ami du curé de Libourne, fut traîné en prison le lo juillet i656 (Cf. Hermant, Mémoires, T. III, p. 216).

�� �