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Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/227

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LETTRE D'UN AVOCAT AU PARLEMENT 213

gênerai et mesme rendre tons les Conciles inutiles ; puisque le Pape sufïiroit seul s'il estoit infaillible. Et ne doutez point que les partisans de la Cour de Rome ne fissent bien va- loir un jour la réception de cette Bulle, pour en tirer ces conséquences.

Il y a bien d'autres nuUitez essentielles que je serois trop long à rapporter. Jamais Bulle n'en eut tant. Mais ce qui la met le plus hors d'estat d'estre receuë au Parle- ment, est qu'ayant esté faite par le Pape seul, sans Con- cile, et mesme sans l'avis du Collège des Cardinaux, elle ne peut estre considérée que comme ayant esté faite par le propre mouvement du Pape, mota proprio, que l'on ne reconnoist point en France. Car on n'y a jamais receu les Bulles faites mota proprio en matière de foy ou de chose qui regarde toute l'Eglise, quelque effort qu'ayent fait les Papes pour cela, comme fît Innocent X. dans sa Bulle de la résidence des Cardinaux de l'an 16^6. où il déclare, qu'encore qu'elle soit faite par son propre mouvement, il entend quelle ait la mesme force que si elle avoit estéjaite par le conseil des Cardinaux. Surquoy feu M. l'Avocat gênerai Talon dit que c estoit en vain que dans cette clause le Pape avoit voulu suppléer^ par la voye de puissance, à l'essence d'un Acte important ; de sorte qu'elle fut rejettée comme abusive. Et la dernière Constitution du mesme Pape sur les cinq Propositions, quoy qu'elle decidast des points de foy qui estoient reconnus de tous les Théologiens sans exception ; néanmoins par cette seule raison que le Pape y parloit seul, on n'osa pas seulement en demander l'enregistrement, quelque désir que l'on *en eust. Comment donc celle d'Alexandre n'y seroit-elle pas refusée, puisque quand elle n'auroit point tant d'autres

I. Les divers exemplaires écrivent: que l'on [n'j en eust.

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