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212 ŒUVRES

Voilà les sentimens de nos Docteurs, selon lesquels nous avons toujours tenus Que la décision du Pape n'o- blige point à croire ce qu'il y a décidé mesme en matière de foy ; parcequil est sujet à errer dans la foy ; mais seu- lement à n'y rien dire de contraire, s'il n y en a de grandes raisons ; In causis Jidei determinatio solius Papœ ut Papœ non ligat ad credendum, quia est deviabilis àjide, comme dit Gerson^ Le Pape entreprend donc sur nos libertez dans cette Bulle, où il nous veut obliger de croire ses décisions ; et ainsi c'en est une nullité manifeste.

C'en est aussi une autre plus considérable qu'il ne semble, lorsque le Pape dit qu'on a employé à examiner cette matière la plus grande diligence qui se puisse dé- sirer, quâ major desiderari non possit. Car il y a icy un artifice secret qu'il faut découvrir. C'est que comme je vous l'ay déjà dit, les Papes veulent qu'on croye qu'ils peuvent seuls décider les points de foy, en sorte qu'après cela il ne faut rien désirer davantage ; au lieu que nous soutenons qu'il n'y a que les Conciles qui puissent obli- ger à croire, et qui ne laissent rien à désirer. Et ainsi le Pape fait fort bien selon sa prétention de nous vouloir faire avouer qu'on a apporté en cette matière tout ce qui se peut désirer, quoi qu'il n'ait fait autre chose que con- sulter quelques Réguliers. Mais nous ferions fort mal d'y consentir ; puisque ce seroitle reconnoistrepour infaillible, blesser infiniment nos libertez, ruiner les appels au Concile

traité, ne prouvant autre chose, qu'une perpétuelle opposition de nôtre part, à cette absolue puissance, que nos Théologiens ont appelée plenam tempestatem et verbiim Diabolicum. » — Le livre de Pithou sur les Preuves des libertés de l'Église Gallicane au chapitre xiii cite les Appellations des Ordonnances da Pape au futur Concile.

I. La citation de Gerson (Lib. de Exam. Doct.) se trouve dans un mémoire d'Arnauld présenté au nonce en août 1657 (cf. Hermant, Mémoires, T. III, p. 543).

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