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��III LETTRE DE SLUSE A BRUNETTI

J'ay receu un très grand contentement de vos lettres du 19. du mois passé, lesquelles m'ont esté rendues il y a deux jours, et je me tiens fort obligé à la civilité de M. Pascal, duquel, si l'estime que j'en ay pouvoit estre plus grande, elle seroit augmentée par tant de démons- trations que j'en ay receues. Je vous prie donc (vous qui m'avez fait la faveur de me faire connoistre une personne si sçavante) de luy témoigner le respect et l'estime que j'ay pour luy, et que, si je ne puis pas correspondre avec les effets à tant de grâces qu'il luy a plu de me faire, je ne manqueray pas au moins d'y satisfaire avec ma bonne volonté que j'ay voulu vous faire connoistre présentement par la réponse que je vous envoyé de ce qu'on m'a pro- posé. Le tems est court ; mais, n'espérant pas de pou- voir la semaine prochaine avoir la commodité de m'ap- pliquer à de semblables spéculations, je suis contraint de vous en dire mon sentiment sur le champ.

Il est bien vrai qu'il me deplaist que d'abord je ne suis pas du sentiment de M. Pascal touchant V Analyse speciose, de laquelle je fais plus grand cas que luy, et j'ose dire que les preuves que j'en ay sont si grandes que non seulement elles me persuadent, mais elles m'obligent d'en faire une estime bien grande. J'avoue que le retour en est bien souvent difficile ; mais, parce que, quand j'ay fait exactement l'analyse, je suis aussi sûr de la solution du Problesme comme si je l'eusse demonstré par syn-

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