Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/288

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274 œUVRES

fut mise à l'épreuve de toutes les misères qui peuvent tour- menter le corps, et gesner l'ame d'un homme abandonné de secours, peu de personnes toutefois font reflexion sur le plus sensible déplaisir qu'il receut en sa vie. Ce fut lors que de jeunes ignorans condamnoient sa Morale... Cette vertueuse Société s'est veuë depuis quelques années réduite à souffrir des reproches et des reprehensions aussi piquantes et affli- geantes que celles qui touchèrent si vivement ce cœur invinci- ble ; car elle a veu ses Docteurs joués et raillés, elle a veu la sainteté qu'elle a affermie dans l'Eglise contre les hérétiques par ses prédications, par l'administration des Sacremens, et par tant de pieuses prattiques, accusée de relaschement, de Judaisme et de Paganisme. Elle a esté contrainte d'entendre les voix de ceux qui crient qu'elle est pernicieuse à l'Eglise, et qu'il faut luy interdire ses fonctions. Et ce qui luy doit estre plus sensible, est qu'elle connoist bien que les accusations se forment contre elle par des ignorans qui ne meritans pas d'estre mis au nombre des chiens qui gardent le troupeau de l'Eglise, sont pris de plusieurs pour les vrais Pasteurs, et sont suivis par les brebis qui se laissent conduire par ces loups...

m. — LA PLAINTE DES CURÉS

V Apologie ne faisait que reprendre les arguments épars dans les réponses précédemment faites aux Provinciales ; mais elle les réunissait comme en un faisceau, avec une apparence de défi qui fit aussitôt scandale. On apprit bientôt que l'au- teur en était le Père Georges Pirot, jésuite, professeur de théolo- gie au collège de Clermont, ami du Père Annat, et qu'il avait obtenu du général de Rome l'autorisation de publier ce livre, jugé inopportun par quelques Jésuites français.

Les curés, dans leur premier synode qui se tint le 7 janvier, décidèrent de poursuivre cette fois sans relâche et en tous lieux la condamnation de V Apologie ; une commission de huit d'entre eux fut nommée pour aviser aux mesures à pren- dre. Les démarches furent faites, le i4, auprès de Talon, avo-

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