Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DIX-HUITlÊME PROVINCIALE 47

Il y a un autre défaut si gênerai, que je nay veû per- sonne des grands du monde qui U évite. C'est, saint Père, la trop grande crédulité, d'où naissent tant de desordres. Car c'est de là que viennent les persécu- tions violentes contre les innocens, les préjugez injus- tes contre les absens, et les colères terribles pour des choses de néant, pro ni/iilo. Voila, saint Père, un mal universel, duquel si vous estes exempt je diray que vous estes le seul qui ayez cet avantage entre tous vos confrères.

Je m'imagine, mon Père, que cela commence à vous persuader que les Papes sont exposez à estre surpris. Mais pour vous le montrer parfaitement, je vous feray seulement ressouvenir des exemples que vous-mesme rapportez dans vostre livre\ de Papes et d'Empereurs que des hérétiques ont surpris effec- tivement. Car vous dites qu'Apollinaire surprit le Pape Damase, de mesme que Celestius surprit Zozime. Vous dites encore qu'un nommé Athanase trompa l'Empereur Heraclius, et le porta à persé- cuter les catholiques ; et qu'enfin Sergius obtint d'Honorius ce décret qui fut brûlé au 6. Concile, en faisant, dites-vous, le bon valet auprès de ce Pape.

Il est donc constant par vous-mesme que ceux, mon Père, qui en usent ainsi auprès des Roys et des Papes, les engagent quelquefois artificieusement à persécuter

I. Cf. ces citations d'Annat, supra p. 5 sq. L'expression de : faire un bon valet auprès du pape, se trouve déjà dans une lettre de S* Fran- çois de Sales, 1. 7. ep. (^8.

�� �