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��APPENDICE GÉNÉRAL AUX PROVINCIALES

I. — LA COMPOSITION DES i8 LETTRES

A, — Mémoires de Charles Perrault. Liv. I (édition Bonne- fon, Paris, 1909, p. 28).

Dans le temps que l'on s'assembloit en Sorbonne pour con- damner M. Arnauld, mes frères et moi, M. Pepin^ et quel- ques autres amis encore, voulûmes sçavoir à fonds de quoi il s'agissoit. Nous priâmes mon frère le docteur de nous en ins- truire : nous nous assemblâmes tous au logis de feu mon père, où mon frère le docteur nous fit entendre que toutes les ques- tions de la grâce qui faisoient tant de bruit, rouloient sur un pouvoir prochain et sur un pouvoir éloigné, que la grâce donnoit pour faire de bonnes actions. Les uns disent qu'à la vérité, lors que saint Pierre avoit péché il n'avoit pas la grâce qui donne le pouvoir prochain de bien faire, mais qu'il avoit la grâce qui donne le pouvoir éloigné, laquelle à la vérité ne fait ja- mais faire la bonne action, mais en donne seulement la puissance ; et qu'ainsi M. Arnauld avoit eu tort de dire qu'on trouvoit en saint Pierre un juste à qui la grâce, sans laquelle on ne peut rien, avoit manqué, parce que saint Pierre avoit en luy la grâce qui donne le pouvoir éloigné de bien faire. Les autres soustenoient que le pouvoir éloigné ne produisant jamais la bonne action, et saint Pierre n'ayant point eu la grâce qui la produit, M. Arnauld n'avoit point mal parlé quand il avoit dit que la grâce, sans laquelle on ne peut rien, lui avoit man- qué, puisqu'à parler raisonnablement, le pouvoir qui ne pro- duit jamais son eiTet n'est point un vrai pouvoir. Nous vîmes

I. Cousin de Perrault.

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