Page:Œuvres de Blaise Pascal, VIII.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

166 ŒUVRES

chose qu'un seul calcul sans aucune sorte de preuve. Qui ne voit la ditlerence qui se trouve entre les con- ditions de ces deux hommes, en ce qui regarde les erreurs de calcul? et qu'il est toujours juste de les pardonner à celui qui donne en même tems les démonstrations entières et parfaites qui rendent le calcul superflu, qui enseignent l'art de le bien faire, qui apprennent à en reconnoître et corriger les défauts, et qui enfin toutes seules convainquent in- vinciblement qu'on a résolu les questions ; mais que la condition de l'autre est toute difiTerente, puisque, n'ayant donné pour toutes marques de ses solutions qu'un seul calcul pour laisser à juger, selon qu'il sera vrai ou faux, qu'il a résolu les questions ou non, s'il se trouve faux en toutes ses parties, que restera-t-il par où on puisse connoistre qu'il a trouvé la vérité ? Y a-t-il rien de si foible que de vouloir qu'on lui pardonne toutes les erreurs qui s'y trou- veront, et qu'encore qu'il soit faux en tout et qu'il ne contienne rien devrai, au lieu d'en conclure qu'il n'a pas trouvé la vérité, on en conclue au con- traire qu'il possedoit la vérité depuis le jour qu'il a produit sa fausseté? C'est assurément ce qu'on ne peut non plus conclure d'un faux calcul, que d'une fausse démonstration ; car ce que les paralogismes sont en démonstration, les erreurs de calcul le sont quand le calcul est seul. Et il n'y a que deux manières de montrer qu'on a résolu des questions, sçavoir de donner, ou la solution sans paralogisme, ou le calcul sans erreur ; et c'est aussi une de ces deux choses

�� �