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Page:Œuvres de Blaise Pascal, VIII.djvu/183

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TROISIÈME LETTRE RELATIVE À LA CYGLOÏDE 167

que j'ai exigée pour pouvoir prendre date. Mais n'est-ce pas une plaisante prétention de vouloir pas- ser pour avoir découvert la vérité par cette seule raison qu'on a produit une fausseté, et de se faire préférer aux autres qui auroient produit les vérita- bles calculs, parce qu'on auroit donné une fausseté avant eux, et que la règle que j'aurois établie pour reconnoître qui seroit le premier qui auroit résolu les questions fust de voir qui seroit le premier qui eût fabriqué une fausseté? Si cela étoit ainsi, il eût esté bien facile à toutes sortes de personnes d'en fa- briquer au hazard et à sa fantaisie, et en les envoyant à M. de Garcavi, prendre date dés lors; en quoi, sans courir aucun risque, puisqu'ils pouvoient se re- tracter à leur volonté, ils se fussent acquis cet avan- tage que, s'ils avoient pu ensuite découvrir la vérité, et même après le temps expiré, ou bien avoir quel- ques lumières des solutions déjà données quand on les examineroit, ils auroient été assurez d'être les premiers en date en vertu de la fausseté qu'ils au- roient les premiers produite; et de cette manière il seroit arrivé que l'honneur de la première invention, qui est la principale chose qu'on considère en ces matières, n 'auroit pas dépendu de la première pro- duction de la vérité, mais de la première production qu'on auroit faite à sa fantaisie d'une fausseté, ce qui est la chose du monde la plus extravagante.

Je serois bien fâché qu'on me crût capable d'avoir donné pour loy une condition si injuste et si impertinente. Mais elle est aussi éloignée de mon

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