que j’ay voulu faire par ce discours, et non pas décrier sa personne ; car je voudrois le servir, et je respecte sa qualité de tout mon cœur. Aussi j’ay caché son nom ; mais, s’il le découvre apres cela luy mesme, pour s’attribuer ces inventions, il ne devra se prendre qu’à luy de la mauvaise estime qu’il s’attirera ; car il doit bien s’asseurer que ses artifices seront parfaitement connus et relevez.
Et qu’il n’espere pas s’en sauver par l’attestation d’un amy qu’il pourroit mendier, qui certifieroit d’avoir veu son livre en manuscrit avant le premier Janvier. Ce n’est pas ainsi qu’on agit en ces matieres, où la seule publication fait foy. S’il n’estoit question que d’un simple calcul de trois lignes, dont on eust donné les copies à plusieurs personnes, qui se trouvassent toutes conformes, ce seroit quelque chose. Mais quand il s’agit d’un livre entier et de cent propositions de Geometrie avec leurs calculs, où il n’y a rien de si facile que de mettre un nombre ou un caractere pour un autre, c’est une plaisante chose de pretendre que ce seroit assez de produire le certificat d’un amy qui attesteroit d’avoir veu ce manuscrit un tel jour ; et principalement si on avoit de quoy monstrer que cet amy ne l’auroit ny leu ny examiné en donnant ce certificat. Il n’y a personne qui deust pretendre que son authorité pust arrester ainsi tous les doutes : on ne croit en Geometrie que les choses evidentes. Je luy ay donné six ou sept mois
a desguisé les principaux fondemens de ceste methode que j’avois donné au public des l’an 1650. »