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Page:Œuvres de Blaise Pascal, VIII.djvu/78

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62 ŒUVRES

Et en effet si on compare ce que nous avons dit, à ce qu'ont dit ceux qui ont eu le plus de charité pour ces Peres, lors qu'ils ont esté obligez de parler contre leurs égaremens, on y trouvera une différence extrême.

Quand on proposa à la Faculté de Théologie de Paris leur établissement en France, et qu'elle en eut considéré les conséquences, elle en parla d'une ma- nière si forte, que je ne sçay si nous sommes excu- sables de n'en parler que comme nous faisons, en lestât où ils sont devenus aujourd'huy. Et leurs propres Généraux, qui ont eu tant d'amour pour eux, mais qui ont veu aussi la corruption qui s'y glissoit, leur ont écrit d'une telle sorte, que, si nous estions jamais obligez de le faire paroistre, on ver- roit ce que la charité fait dire, et comment elle sçait soutenir avec vigueur la cause de la vérité blessée*. Personne n'en est mieux informé que ces Peres mesmes, et c'est pourquoy il y a apparence qu'ils ne nous engageront pas à nous justifier sur cela. Mais pour nous justifier envers Dieu, nous sommes obli- gez de demeurer dans nos premiers sentimens, et de leur repeter icy ce que nous leur avons dit dans un de nos écrits : Qu'aussitost qu'ils voudront renon- cer à l'Apologie, nous les embrasserons de tout nos-

��I. Pascal avait préparé de nombreuses citations tirées des lettres des généraux des Jésuites, cf. Pensées, fr. gSô sqq., T, III, p. 889, et la treizième Provinciale, supra T. VI, p. 4i- — Cf. Pensées, fr. gSo, T. III, p. 871 : « C'est une fausse pieté de conserver la paix au préjudice de la vérité; c'est aussi un faux zèle de conserver la vérité en blessant la charité; aussi ils ne s'en sont pas plaints. »

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