Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/147

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j’ay faites. Jesus-Christ n’est point menteur, et son humilité n’a point fait tort à sa vérité. On peut donc dire, puisqu’il l’a dit, qu’il a fait des œuvres et qu’il ne les a pas faites ; mais il est constant que la divinité les a faites en luy, et on ne peut pas dire qu’elle ne les a point faites.

Ainsi le Prophète dit[1] : O Seigneur vous avez fait en nous toutes nos œuvres. Donc ces œuvres sont de Dieu, puisqu’il les a faites, et ces œuvres sont de nous, puisqu’elles sont nostres.

Ainsi St Paul dit[2] : J’ay travaillé, non pas moy, mais la grâce de Jesus-Christ qui est avec moy. Comment est-ce qu’il a travaillé, et qu’il n’a pas travaillé, mais que c’est la grâce qui estoit avec luy qui a travaillé, sinon parce que son travail peut estre dit sien, puisque sa volonté y a concouru, et peut n’estre pas dit sien, puisque sa volonté n’a pas esté la source de ses propres désirs ? mais la grâce de Dieu a esté celle dont on peut dire qu’elle a travaillé, car elle a préparé sa volonté, car elle a opéré en luy le vouloir et l’action, et l’on ne peut pas dire d’elle qu’elle n’a pas travaillé, puisqu’elle a esté l’origine et la source de son travail.

C’est ainsi qu’il dit ailleurs[3] : Non ego, sed quod inhabitat in me peccatum, en parlant des mouvemens indeliberez de sa volonté.

Il y a un grand nombre d’exemples dans les Ecri-

  1. Isai. XXVI, 12.
  2. I Cor. XV, 10.
  3. Rom. VII, 20.