Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/148

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tures de ces manières de discours qui nous font voir que, quand deux volontez concourent à un effet, si l’une est dominante maistresse et cause infaillible de l’autre, l’action peut estre attribuée et ostée à la volonté suivante et peut estre attribuée à la dominante, mais ne peut pas ne luy pas estre attribuée.

Nous considérons donc la volonté dominante comme unique quoy qu’elle ne le soit pas, parce qu’elle est l’unique à qui l’on puisse tout ensemble attribuer l’action et à qui on ne puisse la refuser. Suivant ce style, il est question de sçavoir, Si ce qu’il y a des hommes sauvez et damnez, procède de ce que Dieu le veut ou de ce que les hommes le veulent.

C’est-à-dire que,

Il est question de sçavoir, si Dieu, se soumettant les volontez des hommes, a eu une volonté absolue de sauver les uns et de damner les autres ; et si, en conséquence de ce décret, il incline au bien les volontez des Eleus, et au mal celles des Réprouvez, pour les conformer ainsi les uns ou les autres à la volonté absolue qu’il a de les sauver ou de les perdre. Ou si, soumettant au libre arbitre des hommes l’usage de ses grâces, il a preveu de quelle sorte les uns ou les autres en voudroient user, et que suivant leurs volontez il ait formé celle de leur salut ou de leur condamnation.

Voilà la question qui est aujourd’huy agitée entre les hommes, et qui est diversement décidée par trois avis.