Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/155

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crier à Dieu : j’ay nourri des enfans, et ils m’ont méprisée. Elle sçait que, pour les Molinistes, il suffit qu’elle parle par la bouche de ses Papes et de ses Conciles, que la Tradition de l’Eglise leur est en vénération, qu’ils n’entreprennent pas de donner aux paroles de l’Ecriture des interprétations particulières et qu’ils ont dessein de suivre celles que la foule et la suite de ces saints Docteurs et de ses Papes et de ses Conciles y ont données.

Mais, pour les Calvinistes, leur rébellion la rend inconsolable. Il faut qu’elle agisse avec eux comme d’égal à égal et qu’en mettant à part son autorité, elle se serve de la raison. Elle les appelle néanmoins tous à elle, et se prépare à les convaincre chacun suivant ses propres principes.

Elle se console en ce que ces erreurs contraires establissent sa vérité ; qu’il suffit de les abandonner à eux-mesmes pour les détruire[1], et que les armes que ces divers ennemis employent contre elle, ne luy peuvent nuire, et ne peuvent que les ruïner.

Ce n’est pas en cette seule rencontre qu’elle eprouve des Ennemis contraires. Elle n’a quasi jamais esté sans ce double combat ; et comme elle a éprouvé cette contrariété en la personne de Jesus-Christ, son chef que les uns ont fait homme seulement, et les autres Dieu seulement[2], Elle en a senti

  1. Cf. la lettre à le Pailleur, supra T. II, p. 210 ; le Cinquième écrit pour les curés de Paris, supra T. VII, p. 361, et Pensées, fr. 862, T. III, p. 303.
  2. Cf. Pensées, ibid. : « L’Eglise a toujours esté combattue par des erreurs contraires… (p. 305) Exemple J. C. est Dieu et homme ».