Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/169

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Opinion de Calvin.

Calvin n’a aucune conformité avec St Augustin, et en diffère en toutes choses depuis le commencement jusqu’à la fin.

Il prétend que Dieu ayant créé Adam et tous les hommes en luy, n’a pas eu en les créant une volonté conditionnelle pour les sauver. Que la fin qu’il s’est proposée en creant la plus noble de ses créatures, n’a pas esté ambiguë, mais qu’il en a créé les uns dans la volonté absoluë de les damner, les autres dans la volonté absolue de les sauver. Que Dieu l’a ainsi decreté pour sa gloire. Que partant ce décret est juste, quoy qu’il ne nous paroisse pas comment, puisque tout ce qui luy donne de la gloire est juste, estant juste qu’il ait toute gloire.

Que néanmoins Dieu ne pouvant pas par sa justice les damner sans péché, il n’a pas permis, mais decreté et ordonné le péché d’Adam. Qu’Adam ayant péché necessairement par le décret de Dieu, il a esté digne de la mort éternelle. Qu’il a perdu son libre arbitre. Qu’il n’a plus eu aucune flexibilité au bien, mesme avec la grâce efficacissime.

Que le peché d’Adam s’est communiqué à toute sa postérité, non pas naturellement, comme le vice d’une semence au fruit qu’elle produit, mais par un decret de Dieu, par lequel tous les hommes naissent coupables du peché de leur premier père sans libre arbitre, sans flexibilité aucune au bien, mesme avec la grace efficace, et dignes de mort éternelle.