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Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/171

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d’être imprimée que ce livre imparfait. À Paris, le 4 septembre 1669.

Gilbert, E. de Comenge[1].

De Monseigneur l’Évêque d’Aulonne, suffrogant de Clermont.

Après avoir lu fort exactement et avec beaucoup de consolation les Pensées de M. Pascal touchant la religion chrétienne, il me semble que les vérités qu’elles contiennent peuvent être fort bien comparées aux essences, dont on n’a point accoutumé de donner beaucoup à la fois pour les rendre plus utiles aux corps malades, parce qu’étant toutes remplies d’esprit, on n’en saurait prendre si peu que toutes les parties du corps ne s’en ressentent. Ce sont les images des pensées de ce recueil. Une seule peut suffire à un homme pour en nourrir son âme tout un jour, s’il les lit à cette intention, tant elles sont remplies de lumières et de chaleur. Et bien loin qu’il y ait rien dans ce recueil qui soit contraire à la foi de l’Église

  1. L’évêque de Comminges envoya en outre la lettre suivante à M. Périer :

    De Paris, le 21 de janvier 1670.

    Monsieur, un voyage que j’ai fait m’a empêché de faire plus tôt réponse à la lettre que vous m’avez si obligeamment écrite ; je ne mérite aucun remercîment de l’approbation que j’ai donnée aux pensées de M. Pascal, mais je vous en dois beaucoup de l’honneur que vous m’avez fait de vouloir que mon nom parût dans cet excellent ouvrage. Pour les endroits, Monsieur, sur lesquels j’ai proposé des doutes, j’ai sujet de me louer de la bonté de ceux qui ont pris soin de l’impression, et ils ont bien voulu avoir assez de condescendance pour faire les changements qui m’ont paru nécessaires : je vous supplie d’excuser en cela ma faiblesse, et d’être persuadé que je n’ai point eu la présomption de croire que mon sentiment dût prévaloir ; mais j’ai pensé devant Dieu être obligé de l’exposer sincèrement. Au surplus, Monsieur, je vous dis en vérité que je n’ai rien lu qui m’ait paru si plein de lumière que ces pensées. Nous n’étions pas dignes de la perfection de cet ouvrage. Je suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

    Gilbert de Choyseuil, évêque de Comenge.